MIROIR.

POURQUOI PARDONNE-T-ON AUX AUTRES CE QUE L’ON NE SE PARDONNERAIT PAS À SOI-MÊME?

Le pardon est un acte complexe, souvent chargé de contradictions. On pardonne par bonté, par égoïsme, par peur, ou même par vanité. Pourtant, il arrive qu’on accorde facilement ce pardon aux autres alors qu’on se refuse la même indulgence à soi-même. Pourquoi ? Parce que pardonner aux autres peut parfois être une façon de s’exonérer, de ne pas porter seul le poids des erreurs. Mais à quel prix ? Chaque pardon donné sans recul fait disparaître un bout de notre intégrité. On finit par tolérer des choses qu’on aurait juré de ne jamais accepter, simplement parce qu’on s’est attaché à ces personnes, ou qu’on redoute la solitude plus que la douleur. En fin de compte, ce décalage entre ce qu’on s’accorde et ce qu’on offre aux autres révèle à quel point nos jugements envers nous-mêmes sont plus durs.

 

J’ai pardonné à des inconnus, à des compagnons d’un moment, à des personnes que je ne considérais pas. Le pardon était facile, presque un jeu. Parce que je savais que ce n’était pas pour la vie, que ces liens n’étaient pas solides. Alors je leur laissais le droit d’être imparfaits, de me blesser, sans conséquences. Mais quand il s’agit de ceux qu’on aime vraiment, de ceux qu’on a fait entrer dans nos racines, le pardon devient un poids impossible à porter. Pour eux je peux rester en colère pendant des années, alors que pour des inconnus, je pardonne en un instant.

JUSQU’À OÙ SOMMES-NOUS PRÊTS À NOUS HUMILIER POUR NOUS SENTIR VIVANTS ?

Il arrive que la peur du vide et du silence nous pousse à nous abaisser, à faire taire notre dignité pour ne pas perdre un lien. Parfois, on se trahit soi-même, on baisse la tête, on cache ses blessures dans l’espoir de garder quelqu’un auprès de soi. Cette humilité excessive n’est pas toujours une preuve de sagesse, mais souvent un cri silencieux pour ne pas disparaître dans l’oubli ou la solitude. Pourtant, cette quête d’être « vivant » à travers le regard ou la présence des autres peut rapidement devenir une cage. On confond alors souffrance et attachement, et on s’enlise dans des relations qui nous détruisent lentement, parce que nous croyons que nous n’avons pas d’autre choix. Mais se perdre dans cette lutte, c’est nier notre propre valeur.

Ma meilleure amie, est vraiment la seule personne avec qui je me sentais totalement moi-même, de A à Z.

Avec elle, je pouvais tout dire, tout faire, elle acceptait tous mes défauts, mes excès, mes silences, tout. Mais le problème, c’est que ce que je pensais être une force, a fini par devenir une faiblesse. Elle avait du mal à supporter une chose en particulier.

Elle ne comprenait pas comment je pouvais traiter des inconnus avec autant de gentillesse, d’ouverture, de douceur, alors que pour elle, c’était comme si elle n’avait jamais le droit à l’erreur, jamais la possibilité de se tromper ou de faiblir. C’était clairement de l’hypocrisie. Cette inégalité invisible a creusé un fossé entre nous.

 Je pouvais me mettre en colère pour des futilités comme quand elle ne répondait pas au téléphone lorsque je sortais le soir alors qu’elle savait que je pouvais être “potentiellement” en danger. Je pouvais ne pas lui parler pendant des jours après cela. Et l’inverse j’ai pu pardonner mon agresseur mais elle pour des banalités mon coeur s’enflammer. J’ai finis par réaliser que j’avais mis sur ma meilleur amie une responsabilité énorme, comme si elle était ma mère ou mon père. Alors qu’elle n’était que mon amie. Et même si notre amitié était passionnelle, j’oubliais trop souvent que les gens ne nous appartiennent pas.

Et je regrettes de ne pas avoir chérie cette amitié comme il le fallait. C’est elle qui méritait mon indulgence et mon pardon en toute circonstance.

QUEL EST NOTRE LIMITE POUR GARDER QUELQU’UN DANS NOTRE VIE ?

Les liens humains ne sont pas des possessions comme je l’ai dit précedement. Pourtant, on agit souvent comme si on détenait un droit sur ceux qu’on aime. On s’accroche à des promesses, à des souvenirs, à des attentes, même quand ils étouffent notre essence. La peur de perdre ce que l’on a construit ensemble pousse parfois à accepter l’inacceptable, à renier nos besoins, nos limites, jusqu’à ce que l’on se perde totalement. Cette trahison envers soi-même, bien que douloureuse, est parfois vécue comme un moindre mal comparé à la douleur du vide. Mais la vérité, c’est que la vie est bien trop vaste et trop riche pour s’enfermer dans une relation qui nous oppresse. Apprendre à lâcher prise, à poser des limites, c’est se rendre justice. Le vrai courage, c’est d’accepter que certaines personnes ne sont pas faites pour rester, aussi fort que l’on puisse les aimer.

 

Je me suis perdue dans cette attente, dans cette exigence. J’ai voulu que l’autre soit un pilier quand je ne pouvais pas l’être pour moi-même. Et j’ai oublié que le pardon ne peut pas tout effacer, ni réparer.

 

Aujourd’hui, je me demande : pourquoi mon cœur est-il si dur envers ceux que j’aime plus que tout, et si doux envers ceux qui me sont indifférents ? Pourquoi est-ce que je peux pardonner à des inconnus des actes horribles, mais pas à ceux avec qui je partage tout ?

Le pardon. Ce mot si humain qui nous met au défis tous les jours.

  On s’accroche à des liens qui nous détruisent, dans certains cas on s’est liés à des personnes qui ne nous correspondent pas et à des promesses qui ne verront pas le jour. Alors que la vérité, c’est qu’on est sept milliards sur cette terre. D’autres amis, d’autres amours, d’autres âmes nous attendent. Oui, apprendre à rencontrer, à s’ouvrir, ça fatigue. Mais il vaut mieux traverser la douleur de la perte et l’isolement, que de s’enfermer dans une relation toxique.  

Avec le temps, j’ai appris à lâcher prise. J’ai compris que personne ne peut me comprendre aussi bien que moi-même. Il y aura toujours des gens qui douteront de chaque geste des autres, parce qu’ils doutent d’eux-mêmes. 

Moi, je n’ai rien à prouver à personne car maintenant je me connais. Et je sais que je n’ai pas besoin d’être gentille avec tout le monde pour être une bonne personne, je dois d’abord commencer par les miens car ce sont eux qui méritent tout ce que j’ai pu donner aux autres.

 Et ma vie est plus légère depuis que j’ai posé mes limites. Depuis que j’ai accepté que certaines personnes doivent juste partir. 

 

Il y a le pardon libérateur, celui qui allège, qui répare. Et il y a le pardon qu’on donne sous pression par besoin, par faiblesse. Ce pardon-là ne soigne rien. Il étouffe.

 

Le pardon est un cadeau que l’on se fait à soi-même, pas aux autres. Et le pire, c’est de se perdre soi-même.  C’est ça, la vraie tristesse.